•  La guerre des mercredis

     

    Il existe peu d'auteurs qui savent réellement nous émouvoir. Il y en a encore moins qui y arrivent par deux fois ! Gary D. Schmidt est de ceux-là. Il avait déjà écrit le chef d’œuvre qu'est Jusqu'ici tout va bien, il réitère l’exploit avec La guerre des mercredis.
    L'action se passe en 1968, dans une petite ville américaine, non loin de New-York. Le narrateur, le jeune Holling, est collégien. Tous les mercredis, il se retrouve seul avec sa professeure d'anglais car, contrairement à ses petits camarades, il ne va ni à l’Église ni à la Synagogue. Quelle horreur me direz-vous de se retrouver en tête à tête avec sa prof une fois par semaine, surtout quand cette dernière semble vous détester au plus haut point. Mais Holling a tort, car ces après-midis se révèlent une expérience rare. Il va découvrir Shakespeare, ses pièces de théâtre et il se découvrira lui-même au fil de ses lectures et de ses discussions avec madame Baker. Tout l'intérêt du roman réside ici. Ces entretiens avec cette professeure mêlent à la fois amour de la langue et des livres mais également rencontre et découverte de l'autre. Car Holling ne s'en rend pas tout de suite compte mais l'actualité brûlante qui a lieu en cette année dans son pays est au cœur de la vie des adultes qui l'entourent. En effet, la guerre du Vietnam ravage la vie et le cœur des habitants de la petite ville.
    Tout comme dans Jusqu'ici tout va bien, ce roman, qui parlera aux enfants dès 12 ans, est une pépite d'une incroyable justesse. Les sentiments humains, la difficulté de se sentir chez-soi et de s'intégrer dans une société que l'on ne comprend pas toujours, la littérature et les beaux mots sont au centre de cette petite merveille que je vous conseille de lire au plus vite ! Il n'y a pas assez de mots pour décrire à quel point cette histoire m'a touchée et je pense qu'elle restera longtemps dans ma mémoire. Car Gary D. Schmidt a ce don de nous faire croire à ses histoires, de nous faire aimer ses personnages qui deviennent tellement réels que nous nous inquiétons pour eux à chaque instant. Malheureusement, seuls deux titres de l'auteur ont été traduits en français... Vivement que les autres soient publiés pour nous faire vibrer encore par sa superbe plume.

     

    La guerre des mercredis
    Gary D. Schmidt
    École des loisirs
    8.80 euros
    9782211239165


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  •  Le peuple de la brume

     

    La Science-Fiction est mon genre littéraire préféré. À travers la fiction l’auteur peut déjà nous faire voyager, nous amener à vivre des aventures palpitantes à travers des personnages inventés de toutes pièces. Mais avec la Science-Fiction, on va plus loin ! Car les œuvres de SF invitent très souvent à une critique de notre société et de ses nombreuses dérives. En transposant nos problèmes dans des univers futuristes, les auteurs sont plus libres de critiquer en profondeur les questionnements de notre temps. Et c’est cela que j’apprécie au plus haut point dans ce genre de littérature trop souvent relégué au rang de roman de gare ou cloisonné à la littérature pour adolescents et jeunes adultes. La Science-Fiction, contrairement à ce que bon nombre de personnes peuvent penser, c’est de la littérature. Et parfois, c’est même de la très grande littérature. En voici la preuve avec le roman de José Eduardo Agualusa : Le peuple de la Brume, paru aux éditions de La joie de lire.
    L’histoire est simple. L’humanité a été décimée par la montée des eaux. Quelques individus ont pu se sauver grâce à des dirigeables gigantesques, nommés comme les villes des anciennes civilisations humaines presque disparues. Ainsi, nos héros vivent dans le ciel, sur des « bateaux » volants comme Paris, Tokyo, Sao Paulo ou encore New York. Au-dessus de la terre, ou plutôt au-dessus de l’eau, car celle-ci recouvre maintenant l’ensemble du globe, de nouvelles colonies humaines tentent de trouver un sens à leur existence chamboulée. Les dernières générations, n’ayant jamais mis un pied sur la terre, ne connaissent que l’immensité du ciel ainsi que l’exiguïté des dirigeables et essayent de grandir dans cette nouvelle ère. Carlos, notre narrateur, est l’un de ces jeunes qui ne comprend pas la nostalgie des anciens, ces derniers n’arrêtant pas de pleurer la perte de la terre et notamment l’odeur de l’herbe mouillée. Ils se plaisent à croire en une légende qui se murmure entre les dirigeables. Il existerait encore une dernière terre habitable. Mais Carlos et ses nouveaux amis n’osent y croire. Pourtant, ils embarqueront dans une quête sans fin pour tenter de la trouver. Un long voyage vers la terre et vers eux-mêmes commence alors.
    Si ce roman de seulement 200 pages est aussi poignant, c’est grâce à la poésie qui l’imprègne. Car, comme bon nombre de romans de Science-Fiction, il tente de nous faire réfléchir sur notre condition d’être humain. Qu’est-ce qui fait de nous des Hommes ? Là où nous vivons ? Là où nous naissons ? Là où nous allons ? Autant de questions dignes d’une dissertation de philosophie, que l’auteur tente de résoudre à travers une aventure incroyablement palpitante. Un grand livre de Science-Fiction et plus encore une œuvre emplie de poésie.

    Le peuple de la brume
    José Eduardo Agualusa
    La Joie de Lire
    14.90 euros
    9782889084180


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  • Home sweet home

    Lorsque la crise des Subprimes prend par surprise les habitants de Cleveland en 2008 et tout part en vrille. Les maisons sont saisies, l'économie n'existe presque plus et les jeunes ne croient plus en l'avenir proposé par la société capitaliste. Anna et Elijah se retrouvent dans un lycée désaffecté qu'ils décident de squatter pour créer une nouvelle société plus juste et égalitaire. D'autres jeunes les rejoignent et ensemble ils essayent de former un idéal. Mais la réalité et la violence les rattrapent plus vite qu'ils ne pensaient...
    Alice Zeniter avait rencontré un grand succès avec son roman L'art de perdre paru en 2017, elle revient en force avec Home Sweet Home. Cet ouvrage a certes paru chez L'école des loisirs, un éditeur plutôt tourné vers la jeunesse, mais il s'adresse surtout aux jeunes dès 16 ans et aux adultes.
    Le sujet est traité avec une grande philosophie, c'est notre société qui est critiquée par des jeunes complètement dégoûtés par l'absurdité d'un monde égoïste. Écrit à quatre mains, le texte alterne entre les pensées d'Anna et d'Elijah. Ils y parlent de société, violence, religion, pauvreté, philosophie, amitié et amour évidemment. La sexualité d'ailleurs y est traitée avec un réalisme qui fait du bien, rien n'est idéalisé.

    C'est un très grand roman qui relate des évènements qui datent maintenant de plus de dix ans mais qui résonnent encore aujourd'hui avec une puissance incroyable. 

    Home Sweet Home
    Alice Zeniter et Antoine Philias
    École des loisirs
    15.50 euros
    9782211239974


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  •  How to stop time

    Tom Hazard semble âgé d'une quarantaine d'années, or il a en réalité plus de quatre cents ans. Il est atteint d'un syndrome étrange qui l'empêche de vieillir normalement. Cette particularité le pousse à changer de vie régulièrement pour ne pas attirer l'attention. Depuis la disparition de l'amour de sa vie, Rose, décédée il y a quatre cents ans, Tom s'est promis de ne plus jamais tomber amoureux. Il recherche désespérément sa fille unique, Marion, atteinte du même syndrome que le sien et qu'il a perdue de vue depuis plusieurs siècles. Or, alors qu'il commence une nouvelle vie en tant que professeur d'histoire dans un collège londonien, il rencontre Camille. Cette femme le bouleverse. Mais un danger rode, car Camille semble l'avoir déjà vu auparavant...
    J'avais lu, il y a quelques années, un autre roman de Matt Haig que j'avais adoré : Humains. Dans cet ouvrage, l'auteur parlait de l'humanité à travers un narrateur extraterrestre qui découvrait l'amour. Dans How to stop time, c'est une nouvelle fois ce thème que l'auteur a décidé de traiter. Un vaste sujet auquel il réfléchit cette fois par le prisme du temps. C'est encore une fois une grande réussite, car en seulement trois cents pages, il réussit à nous émouvoir par son talent de conteur. Même s'il ne s'agit là que d'une simple histoire, la portée philosophique des questions qui assaillent le narrateur nous pousse à nous poser de nombreuses questions sur nous-mêmes et sur notre espèce. 
    Dés 15 ans.

    How to stop time
    Matt Haig
    Helium
    16.50 euros
    9782330117245


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  •  Felix et la source invisible

     

    Félix coule des jours heureux à Paris. Il vit avec sa mère qui tient un café. Il ne connaît pas son père mais les nombreux habitués du café sont pour lui comme une grande et belle famille. Mais un jour, la mère de Félix tombe dans une grande dépression et rien ne semble pouvoir la guérir.
    Le dernier roman d'Eric-Emmanuel Schmitt traite de l'animisme. J'ai beaucoup aimé la première partie qui se déroule à Paris et où l'on fait la connaissance des nombreux habitués du café. Les personnages sont drôles, attachants et ils ont tous une personnalité bien marquée, presque clichée pour certains, mais qui nous accroche dans l'histoire. J'ai moins aimé la seconde partie du texte qui se passe en Afrique, dans le village natal de la mère de Félix. Le récit perd tout son côté délirant pour se concentrer sur le sujet qui intéresse l'auteur : l'animisme. C'est un sujet passionnant mais je l'ai trouvé traité un peu à la va-vite. Pourtant, je n'ai pas lâché cet ouvrage et j'ai passé un excellent moment. Je vous recommande donc cette lecture si vous ne savez pas comment vous occuper lors de votre prochain voyage en train, vous ne verrez pas le temps passer !

     

    Félix et la source invisible
    Eric-Emmanuel Schmitt
    Albin Michel
    17 euros
    9782226440013


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