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    Les vagabons de la faim

    Ce roman autobiographique se passe pendant la grande dépression aux États Unis. Écrit dans un argot cru, il dépeint le quotidien des "Stiff" qui essayent de survivre. Ces hommes et ces femmes, victimes d'un système capitaliste méprisant qui puni ceux qui n'ont pas de travail (alors que de toute façon il n'y a aucun emploi à pourvoir), sont prêts à tout pour trouver à manger et un endroit sec pour dormir (jusqu'au dégoût de soi-même).


    C'est brutal, à vous en donner des sueurs froides.
    Le roman décrit parfaitement comment une crise détruit des vies humaines, alors qu'il y a clairement à manger pour tout le monde mais ceux qui ne font pas partie de la bonne classe sociale crèvent comme des chiens et personne ne s'insurge, certains diront même que c'est de leur faute. La scène du début avec le restaurant qui sert du poulet est hallucinante notamment. C'est la force de ce texte, c'est un vrai témoignage de ce qu'il s'est passé lors de la grande dépression mais aussi de ce qui se passe toujours lorsque l'on parle de l'argent et des inégalités qu'il crée.

    Le style brut et sans pathos rend ce texte encore plus percutant. Le lecteur se sent investi dans ce qui arrive aux personnages, on ressent les besoins de cet homme, on voudrait l'aider.

    La construction est aussi très ingénieuse. Chaque chapitre raconte une anecdote qui est arrivée au narrateur. Ce procédé lui permet de mettre en avant les conditions de vie des "Stiff". Par exemple, l'un des chapitres va se concentrer sur les méthodes qu'ils utilisaient pour se déplacer dans le pays (en montant à bord des trains en marche, au risque d'y laisser leur vie), un autre va expliquer comment ils étaient parqués dans des dortoirs insalubres par des marchants de sommeil. Cette construction rend le récit encore plus immersif et évite les répétition.

    Bref, c'est excellent, et même s'il a été écrit au début du siècle dernier, il résonne malheureusement encore aujourd'hui...

    Je recommande fortement la lecture de la préface qui prend le temps de présenter le traducteur et son travail sur le texte.
     

     

    Les Vagabonds de la faim
    Tom Kromer (traduit par Raoul de Roussy De Sales)
    Éditions Bourgois, collection "Titres"
    8.50 euros
    9782267045345

     


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  •  L'intimité

     

    J'aime beaucoup les romans d'Alice Ferney. J'avais adoré Les autres notamment, une histoire de famille originale et à la construction originale. Alors, lorsque j'ai vu que sortait L'intimité, un ouvrage retraçant le parcours d'un homme ayant perdu sa femme et se prenant d'amitié pour sa voisine, j'étais impatiente de découvrir ce que j'imaginais être une pépite de cette rentrée littéraire. L'histoire partait plutôt bien. Une libraire féministe, un père qui se retrouve seul après que sa femme soit morte en couches, une belle histoire en perspective ! Voilà une quatrième de couverture qui nous vend du rêve et nous laisse imaginer un bon roman sur la maternité et la paternité... Il n'en est rien !

    Nous sommes face à un ramassis de clichés et à un livre que je trouve très choquant.
    En effet, l'auteure traite de sujets complexes comme la GPA et les personnes asexuées. Or, dès que ces sujets arrivent sur le tapis, les personnages deviennent totalement hors de contrôle.
    La libraire féministe est un très bon exemple pour illustrer mon propos. Lorsque son voisin et ami lui annonce qu'il n'a pas de rapport sexuel avec sa nouvelle épouse car celle-ci est asexuelle, elle lui propose tout naturellement de "la forcer un peu"... Bravo ! Bel exemple de culture du viol !! Ce qui est choquant, c'est que ces propos ne correspondent pas du tout au personnage. Une féministe ne dirait jamais cela ! C'est donc directement un problème de caractérisation du personnage. Le mari quant à lui est le dernier des machistes et des idiots. Sa nouvelle femme l'avait prévenu avant le mariage qu'elle ne voulait pas pratiquer le coït, il n'était donc pas obligé de l'épouser...

    Mais bref, tout cela pour dire que j'ai détesté ce roman. On va dire que c'est une erreur de parcours de la part de l'auteure.
    En tout cas, passez votre chemin...

     

    L'intimité
    Alice Ferney
    Actes Sud
    22 euros
    9782330139308


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  • Suzanne

     

     Suzanne est plus qu'un roman puisqu'il s'agit de la retranscription de la vie d'une femme née après la Première Guerre mondiale. Le récit est double. La plupart des chapitres racontent la vie palpitante de Suzanne, de sa naissance à son entrée dans un EHPAD. C'est cette partie du roman qui est la plus intéressante, car on découvre la grande Histoire à travers une histoire personnelle et intime qui ne nous laisse pas indifférents. L'écriture est toujours au plus près des personnages, qui sont très touchants et l'on a parfois l'impression de faire partie de la famille. Le reste du roman s'attarde sur le quotidien très déplaisant de Suzanne, devenue une femme âgée, qui est donc coincée dans un EHPAD. L'indifférence, parfois la maltraitance, du personnel soignant, le manque de contact avec l'extérieur, la peur de vieillir mais heureusement aussi les petites marques d'attention ou encore la joie simple d'un sourire voilà à quoi la vie de Suzanne est réduite. Les chapitres sont mélangés et cela permet encore mieux de se rendre compte du choc de Suzanne après son arrivée dans cette maison de retraite pour le moins horrible.
    J'ai adoré ce roman, que je vous conseille ! Vous ne le regretterez pas, c'est une lecture très plaisante et une magnifique tranche de vie, parfois terrible, qui vous attend.

    Suzanne
    Frédéric Pommier
    Editions des Equateurs
    19 euros
    9782849905708


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  • C'est pour ton bien

    L'héroïne de ce roman se fait battre par son mari. Le couple, marié depuis deux ans, s’apprête à accueillir un enfant. La future mère de famille décide de s'enfuir pour éviter de mourir sous les coups de son époux. Mais, elle disparait sans laisser de trace...
    Je suis persuadée qu'il ne faut pas se fier à la couverture d'un livre pour juger son contenu. Mais, cette fois-ci, la laideur extrême de cet ouvrage est assez éloquente ! Car malheureusement, même si le thème est très intéressant pendant la moitié du livre, la seconde partie m'a complètement perdue. En effet, l'histoire personnelle de Camille, la femme se faisant battre par son mari, est plutôt bien amenée. L'auteur ne porte aucun jugement envers les femmes qui se retrouvent dans cette situation, il leur laisse même pleinement la parole au début car tout est décrit par Camille. Le souci arrive plus tard, lorsque la jeune femme enceinte disparait et que l'on se retrouve dans la tête de son salopard de mari. Celui-ci cherche à la retrouver et tente de se faire passer pour le gentil de l'histoire, ce qui est normal puisque nous sommes dans la tête d'un fou furieux. Le problème réside dans la conclusion de l'ouvrage. En effet, à partir du moment où Camille disparait, le roman change de registre et devient un polar mal ficelé, plutôt ennuyeux et surtout extrêmement prévisible ! J'ai vu venir la chute au moins trente pages avant le dénouement final, c'est quand même dommage... Le plus énervant dans tout cela, c'est que le problème du mari qui bat sa femme se résout en quelques lignes, lorsque Camille nous apprend qu'elle a quitté son mari, qui semble l'avoir laissée faire sans faire d'histoires... Ce qui est très étonnant puisque cela change totalement la psychologie du personnage.
    Je vous invite donc à ne surtout pas lire ce livre, vous perdrez du temps et c'est dommage vous avez mieux à faire. Par exemple, lire de bons livres comme Les Chroniques d'Alvin.

     

    C'est pour ton bien
    Patrick Delperdange
    Les Arènes
    16 euros
    9791037500601


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  •                        Les chroniques d'Alvin  Les chroniques d'Alvin

     

    Cette lecture est particulière. En effet, c'est grâce à deux amis que j'ai découvert ce chef-d’œuvre de la littérature de Fantasy. Nous avions décidé de commencer la lecture commune d'un ouvrage par mois et c'est avec Alvin que nous avons commencé cette nouvelle expérience. J'en fus extrêmement ravie ! Car ce roman est magnifique. Tout y est : un petit garçon au destin incroyable, de la magie, des problèmes de société, de religion et un méchant inquiétant qui menace dans l'ombre.
    Alvin est donc le septième fils d'un septième fils, à ce titre, un chemin semé d’embûches l'attend. Car le jeune garçon a un pouvoir : il est capable de « réparer » les choses, qu'elles soient animées ou non. Or, cet atout représente une menace pour le défaiseur, un être charismatique et terrifiant qui a juré de se débarrasser d'Alvin par tous les moyens. Fort heureusement, l'enfant peut compter sur sa famille et ses amis pour rester en vie et apprendre à maîtriser sa magie en attendant d'être assez fort pour se mesurer à son ennemi...
    Ce qui est formidable avec ce roman, c'est l'évolution du récit. Le premier volume est riche en rebondissements, il met parfaitement en place le décor, les personnages et nous donne une très bonne idée de ce que l'auteur veut nous raconter. Mais dès que l'on se plonge dans le tome 2, on comprend qu'il s'agit d'une des séries de Fantasy les plus abouties jamais écrites !

    Jetez vous donc sur cette pépite, vous ne serez pas déçus, de nombreuses heures de lecture vous attendent et vous serez toujours surpris par le récit.

     

    Les chroniques d'Alvin, tome 1, Le septième fils
    Orson Scott Card
    L'Atalante
    19.90 euros
    9791036000379


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